dimanche 6 avril 2008

Point final

J'ai toujours eu du mal avec les introductions et les conclusions. Ce doit être un signe, car c'est bien connu, "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément"... Etant donné que mes heures de sommeil depuis quelques jours se comptent sur les doigts d'une main, je peine un peu à rassembler mes pensées. Je vais donc faire un gros gros effort, et me lance derechef.

Je disais dans mon dernier post que l'on pouvait estimer que les carottes étaient cuites. Effectivement, elles sont cuites, et re-cuites : cette tentative là n'a pas marché. Comme les autres d'ailleurs. Au vu des résultats, et de ma réponse plutôt mitigée aux traitements, il est assez clair qu'une tentative supplémentaire n'apportera pas grand chose, et que l'ensemble du process est un échec. Que reste-t-il comme solutions ? adoption ? non, clair et définitif. Dans mon esprit pragmatique et assez peu enclin à la concession, un enfant, c'est le résultat d'une histoire, l'expression la plus matérielle qui puisse être de l'amour :  une opération d'arithmétique génétique, la possibilité qu'ont deux êtres condamnés à être distincts de n'en faire qu'un seul, avec une option sur l'éternité, non seulement pour le beau regard de celui que l'on aime, mais aussi pour notre histoire ; et puisque l'être aimé complète nos manques et nos faiblesses, c'est aussi l'espoir de voir ressortir le meilleur de nous deux.  J'imagine que c'est pour cela que beaucoup de parents reportent leurs espoirs inassouvis sur leurs enfants. Je n'aurais sans doute pas fait exception à la règle si j'avais eu la possibilité d'avoir des enfants. Enfin tout cela pour dire que l'adoption, si elle doit permettre de combler un manque, chez moi, ne comblerait probablement pas tout. Dont acte.

Voilà : donc notre vie sera avec nos enfants biologiques ou pas d'enfant du tout. Dans notre cas, cela sera pas d'enfant du tout. Bien que nous gardions, dans un coin de notre tête, l'espoir qu'un jour un bébé couette puisse venir au monde. Cela aussi, c'est humain : l'espoir. Même quand notre raison nous dit que tout est foutu, même si l'on sait pertinemment que les possibilités sont de un sur un million, il y a toujours cette petite voix qui dit : "on ne sait jamais...", même si aujourd'hui j'aimerais bien que cette petite voix se taise et me laisse en paix, enfin. Question de temps, je suppose.

Maintenant, comment vais je faire pour vivre avec cela pour le restant de ses jours ? ces dernières semaines, je me sentais légère, un poids était parti : j'étais persuadée (à tort) que cela marcherait. Elle est trop débile, cette Pamela, me direz vous : il y a un fait établi : les statistiques sont méchantes, car les taux de réussite pour les tentatives de rang élevé sont faibles. Jamais je n'aurais dû oublier cela. D'ailleurs, les probabilités, je baigne dedans toute la journée, alors j'aurais plutôt du être consciente de tout cela.  En fait j'en étais très consciente. Sauf que je me suis, confortablement, avec mon gros popotin dopé aux hormones, assise dessus pour les écraser. Parce que je me suis dit, et ce avec raison, cette fois ci, que c'était peut être la dernière fois qu'un espoir m'était offert. Et que l'espoir, c'est la perspective du bonheur. Et que la perspective du bonheur, c'est déjà le bonheur. Et que je l'ai saisi, ce bonheur, quoiqu'il en côute : ces dernières semaines, un poids était parti, et d'une certaine manière, j'étais heureuse, et je ne regrette rien, même si je le paie cher aujourd'hui.

Car maintenant, il va falloir redescendre sur terre. Se dire que tout est fini. Le poids sur l'estomac est revenu, et la boule dans la gorge aussi. Il fait gris, les jours sont moches et je déteste à peu près la totalité de l'humanité : les parents confits de bonheur stupide ; les enfants, dont le tort principal est d'être des enfants ; les femmes enceintes et leur ventre pointu qui me crève les yeux ; les jeunes pour qui tous les espoirs sont permis, contrairement à moi ; et les vieux pour faire bonne mesure, parce qu'ils ont été un jour des enfants, puis des jeunes plein d'espoir, et des parents benoîtement stupides, voire des grand-parents. Tout le monde y passe, il n'y aura pas d'exception. 
La suite des opérations à court terme consistera donc a essayer de ne pas haïr la terre entière. Faire taire la vilaine colère qui me fait une boule à l'estomac. Et puisque le traitement curatif n'ayant pas marché, essayer au moins d'appliquer un traitement symptomatique. J'envisage donc le grand nettoyage de printemps : 
-nettoyage du carnet d'adresse ; n'ont le droit d'y figurer que les très proches. Les autres sont sacrifiés sur l'autel  de ma tranquillité d'esprit et sont éliminés (je ne suis pas très fière de moi, ceci dit). Et n'y entreront que ceux qui éviteront de me gaver avec leurs histoires de progéniture ou de famille ; ça ne va pas faire lourd, je vous l'accorde. On dirait bien que socialement, nous sommes de plus en plus des "no life"
-vidange de la pharmacie de la maison : au revoir les utrogestan, gonadotrophine, menopur etc.  J'envisage de donner ces médicaments à qui les veut, potentiellement les couples tentant une FIV sans le filet financier de la sécurité sociale. Si quelqu'un connaît quelqu'un d'intéressé (en région parisienne, pour le ménopur, car il faut qu'il reste au réfrigérateur)... passé la semaine, tout part à la poubelle. 
-rangement définitif des paperasses de FIV en un endroit sur lequel je suis certaine de ne pas tomber avant une bonne vingtaine d'années
-réaménagement de la maison. La deuxième chambre ne sera pas une chambre d'enfant. 
-oublier, s'occuper : par exemple ce week end, en pensant à ces histoires de réaménagement, je me suis découvert une passion pour les magasins de bricolage. D'habitude, j'aime bien les magasin style bazar ou on trouve du bric à brac. Mais alors là, nécessité aidant, les catalogues de bricolage revêtent une stature biblique. D'ailleurs, je connais le site de Leroy-Merlin par coeur. Qui l'eut cru? Je pense que je n'ai pas fini de me découvrir des passions aussi  ridicules que temporaires, du moment qu'elles m'empêchent de penser...
-retrouver une forme humaine ; rentrer dans mes jeans à nouveau. avoir un visage potable, avec une coiffure qui n'ait pas l'air d'avoir été faite à la friteuse. 
-faire des tas de trucs que je n'aurais pas pu faire si cela avait marché (voyage, concerts, théâtre...)


Pour le plus long terme, c'est plus compliqué ; c'est possible de souhaiter la fête des mères à sa mère tous les ans en se disant à chaque fois que cette fête ne sera jamais la mienne, et de, malgré tout, ne ressentir aucune amertume? je suppose que oui.  Et je n'irai pas, tous les ans à cette date, m'acheter un petit cadeau pour me consoler. Non, ma petite Maman chérie, cette fête sera ta fête à toi et juste à toi. Si j'avais été mère, peut être aurais je été un peu moins ta fille ce jour là? Non, ce jour là, mais aussi tous les autres jours de l'année, je serai ta fille, et rien que ta fille. 
Et d'une manière plus générale : c'est possible d'être heureux avec un poids qu'on traîne comme un boulet toute sa vie?  Je suppose que oui. 
Seulement il va falloir y mettre un peu plus de détermination que le commun des mortels. Se creuser un peu plus la tête. J'aimerais aussi que mon passage sur cette terre ne soit pas trop inutile. Pour la plupart des gens, c'est simple : ils font des enfants, ce qui justifie d'une certaine manière leur existence. Pour moi, ils faudra encore que je me creuse un peu la cervelle. Enfin, là encore, je ne sais pas trop si j'ai envie de faire un truc utile de ma vie (rappelez vous : je déteste l'humanité dans son ensemble)

Pour conclure, je n'ai pas d'amertume sur l'inutilité de ces traitements. Je suis même plutôt heureuse d'avoir eu ma chance. J'ai joué. J'ai perdu. Mais au moins j'ai joué. L'important ce n'est pas que de gagner. C'est aussi de jouer. D'ailleurs, en y réfléchissant bien, l'important c'est de jouer. Je ne sais plus trop qui a écrit cela : les femmes accouchent sur des tombes. Tôt ou tard, on finit donc par perdre. Notre histoire, quoiqu'il arrive, finit par se perdre et se noyer dans le flot du brassage humain. A la fin, que reste t il de nous : un gène, ou l'écho d'une présence, c'est pareil. Alors jouons, puisque nous n'avons que cela.

Enfin, je crois que ce blog touche à sa fin. J'ai été contente de le faire, je crois qu'il a rempli ses fonctions au delà même de mes espérances. Sa vocation première était informative, et je pense que mes proches ont bien pu suivre ce qui se passait chez Monsieur et Madame Pamela en temps réel sans avoir à appeler en se demandant sur quelle humeur on va tomber ou attendre un appel qui ne vient que si l'humeur s'y prête, justement. 
Ensuite j'ai découvert les commentaires et aventures  des bloggeuses-fivettes de la planète internet(merci tout plein). C'est intéressant de voir les points de vue des autres, de se situer ; nous n'avons pas tant de point de référence que cela. Et les forum ne m'ont jamais apporté grand chose, en fait. d'une part cela ne correspond pas vraiment à mon mode d'expression, et d'autre part le rang des traitements augmentant, les forums avaient plutôt tendance à me saper le moral en me montrant à quel point j'étais de la loose. Ainsi donc, j'envisage de laisser ce blog en l'état, je ne posterai plus. Cependant, je continuerai à suivre les aventures des unes et des autres sur leurs blogs respectifs, pendant au moins quelques temps en tout cas.
Et puis, la troisième utilité de ce blog était tout bêtement de fournir un témoignage. J'espère que cela sera utile, d'une manière ou d'une autre. J'aurais préféré une happy end. Mais non. C'est ainsi. C'est la vie. Et la vie est injuste.

Mais je ne la laisserai pas faire, la vie. Je serai heureuse. Non parce que j'ai tout pour être heureuse. Mais parce que je l'ai décidé. Et que tel est mon bon plaisir.

Point final.

vendredi 4 avril 2008

Résultat

Bon : résumé de la journée : Prise de sang ce matin. Résultat ce soir : c'est négatif.
Voilà. Cette fois ci on peut raisonnablement estimer que les carottes sont cuites. 
Néanmoins, comme j'ai une nouvelle prise de sang lundi pour éliminer tout risque de faux négatif, eh bien je continue les hormones.  Evidemment, ma partie raisonnable sait que c'est foutu à 99,9%. Mais le reste de moi s'accroche  à la perspective d'une erreur, d'un faux négatif, mais non ce n'est pas possible, ça ne peut pas m'arriver à moi. J'en ai trop marre de tout ce bonheur, n'en jetez plus. 

dimanche 30 mars 2008

En attendant (encore)

J'ai trouvé un lien intéressant. Il suffit de cliquer ici. On y parle de l'embryogénèse, et plus précisément de l'éclosion du blastocyste. Mais ce qu'il y a de bien, c'est que sur le côté à droite il y a une rubrique "Vidéo", et qu'il y a un petit film qui montre l'éclosion en vrai d'un blastocyste. Très impressionnant. 
D'une manière générale, ce site est super bien fait, bien que techniquement très pointu, donc à lire avec une boîte d'aspirine à portée de la main...

vendredi 28 mars 2008

Oh....

...le petit embryon courageux est devenu un superbe blastocyste.

Je sais, comme ça, le nom ne fait pas très glamour. Mais c'est pourtant le terme consacré pour désigner un embryon qui a connu des tas de divisions cellulaires, à tel point qu'on ne peut plus compter les cellules au microscope. C'est plutôt bon signe. Hier, donc, à 7 h, on a appelé le labo. Evidemment, les gens embauchant à 7 heures, ils ne savaient pas encore où en était le petit embryon. D'ailleurs j'ai senti comme un agacement qu'on leur tombe dessus avant même qu'ils aient eu leur temps d'enfiler leur blouse... Allez, au piquet! et une pénalité d'un quart d'heure. Et bien le quart d'heure de pénalité a été très très très long. Et à 7h15 tapantes on les rappelait pour qu'ils nous annoncent la bonne nouvelle.

Nous réimplantâmes donc le petit embryon courageux hier matin dans la joie et la bonne humeur générale. Le docteur, après avoir envoyé le blastocyste à l'endroit où il aurait toujours dû se trouver, m'a proposé un arrêt de travail. Evidemment j'avais super la pêche, j'était joyeuse, et il me semblait tout à fait absurde de prendre un arrêt juste pour une petite giclette blastocystaire de rien du tout. C'est ainsi qu'hier j'ai acquis au mérite le prix spécial de la bêtise, disons le, et je m'en explique sur le champ. 
Nous partons donc de la clinique Monsieur et moi, et Monsieur me propose de m'allonger à l'arrière de la voiture (Monsieur est très prévenant depuis que la réimplantation a été faite, et ce dans le but de ménager La Porteuse De Tous Les Espoirs : c'est fou ce que la présence de cette chose si petite amène comme avantages ; c'est l'état de grâce, le bonheur... ça donne envie d'abuser gravement ; mais non Pamela, c'est pas bien ; oui enfin, abuser un peu c'est pas trop grave non?) le temps qu'il m'amène au boulot. Et là... le fait d'être allongée, détendue, dans la voiture : tout mon entrain est retombé d'un coup, et la fatigue s'est abattue sur moi comme une nuée de sauterelles et m'a dévorée. Même lever le petit doigt me paraissait être un effort qui méritait au moins une médaille. De là à affronter une formation sur la norme ISO9001... alors là, pas possible (que celui qui n'a jamais dormi pendant une formation à l'assurance qualité me jette la première pierre ; en temps normal, rien que d'y penser j'en baille d'ennui, alors là...). Donc, retour à la maison sans passer par la case travail. Rien fait de la journée. Lecture. Dodo. Plein de dodo. Et tout ça sans arrêt de travail. Bravo Pamela.

Le planning dorénavant :
-pour le petit blastocyste : il va falloir qu'il éclose ; qu'il se fixe ; et continue de grandir ;

-pour moi : être l'objet de toutes les prévenances de la part de Monsieur ; continuer à prendre ces saletés... euh non pardon, ces délicieuses et agréables hormones ; ne pas devenir gaga ; vérifier que Monsieur ne devient pas gaga ; contrôle par prise de sang vendredi prochain.

-pour Monsieur : faire des tas de prévenances à Pamela (hi hi !); ne pas devenir gaga ; regarder si Pamela ne devient pas trop gaga.

Je dirais que celui qui a le plus de pain sur la planche maintenant, c'est le petit blastocyste courageux ; il s'appelle en effet dorénavant et pour une durée indéterminée "petit blastocyste courageux", et je vais le prouver sur le champ : le courage n'attend pas le nombre des années c'est bien connu ; c'est pourquoi le petit embryon a pu être qualifié de courageux dès ses premiers instants, de par sa volonté de (sur)vivre ; par ailleurs, le courage est une qualité intrinsèque ; ainsi, quand on passe du stade d'embryon au stade de blastocyste, le courage continue quand même d'habiter le blastocyste ; d'où le terme de blastocyste courageux ; enfin, comme la taille d'un blastocyste est à peu près la même que celle de l'embryon juste après fécondation, le terme petit continue de s'appliquer ; on est donc bien passé d'un petit embryon courageux à un petit blastocyste courageux ; bon je crois que je m'égare ; m'enfin tout ça c'est pour dire que je pèse mes mots. 


mardi 25 mars 2008

En attendant

Aujourd'hui nous sommes allés aux serres des jardins de la porte d'Auteuil : en ce moment, c'est la floraison des orchidées. Monsieur avait eu la bonne idée d'avoir son téléphone-appareil photos-camera-ordinateur-mail-organiseur-navigateur-et-j'en-oublie sur lui. Heureusement il fallait juste appuyer sur la petite icône "appareil photo" pour prendre les photos. Alors voilà à peu près ce qu'on a vu dans la serre des orchidées (enfin pour les photos pas ratées):















Ils ont en plus des tas d'autres serres : une gigantesque serre palmarium avec étang à carpes japonaises et cages aux oiseaux, des serres de violettes, de fougères, de flore du Sahel, de flore de Nouvelle Calédonie. C'est trop beau.

lundi 24 mars 2008

Le petit embryon courageux

Ce matin le labo a appelé. Encore. Mais cette fois ci c'est pour nous dire que finalement il y avait eu une fécondation qui avait passé inaperçue. Il y a un embryon! Petit embryon t'es un battant et accroche toi bien fort. Jeudi on en saura plus. Aujourd'hui quelque soit le temps, il fait beau ; il fait beau dans ma tête, le ciel y est tout bleu et l'horizon est dégagé. Joyeux lundi de pâques Pamela!

PS : vos gentils commentaires me font très plaisir et me vont droit au coeur. Mais j'espère qu'ils n'auront pas lieu d'être finalement. Je vous embrasse tous et toutes.

Joyeuses Pâques

Ce matin le labo a appelé. Alors qu'on s'attendait au moins à 3 ou 4 embryons à 24 heures il y en avait zéro. Fin de l'épisode PMA.


jeudi 20 mars 2008

La ponction arrive à grands pas

La récolte de mes petits cocos de pâques se fera ce samedi. J'en ai 8 jolis, et 3 moins bien. J'espère que pour l'occasion tout le personnel de la clinique se déguisera en lapin de pâques. 

mercredi 19 mars 2008

Ketch Up...

Comme le titre du post l'indique avec une grande clarté : c'est le moment du check up.

Hier on a vu comment serrer ses petits poings pour se préparer à l'échec, un peu à la manière d'un boxeur qui se recroqueville et met ses gants devant son visage pour se protéger (imaginer la musique de Rocky en accompagnement). 
Aujourd'hui, donc, je propose de se préparer à la réussite....alors on serre ses petits poings et... euh....bah...on avisera, quoi (mais imaginer quand même la musique de Rocky en accompagnement : c'est bien c'est une musique de battant). Des milliards de personnes le font bien, je ne vois pas pourquoi je n'arriverais pas à gérer? ça ne devrait pas être trop dur.  
Bon. Ca y est. Je suis parée. pour tout. J'attends. 
Demain dernière prise de sang, dernière échographie, je pense. 
Après ça, il va falloir se préparer pour la ponction  ; pour se motiver, imaginer la musique de Rocky en accompagnement ; je sais pas ce que j'ai avec Rocky, moi, on dirait que je fais une fixation...
Bon en fait c'est plutôt une chanson d'Amy Winehouse (Rehab) que j'ai en tête. Mais c'est bien aussi, non?

mardi 18 mars 2008

Le bilan

Avant, quand je faisais le bilan de ces quelques années d'errance à but procréatif  (n'est elle pas d'une laideur absolument repoussante cette expression que je viens d'employer? beuark...), je me disais que pour la première fois de ma vie, j'allais, en cas d'échec - car les chances sont plutôt contre nous, même dans le meilleur des cas, faut-il le rappeler? -  donc disais-je avant d'être grossièrement interrompue par moi même à plusieurs reprises : en cas d'échec, j'allais faire face au premier véritable échec de toute ma vie. La plupart des échecs ne sont en réalités que des demi-échecs : il y a, très souvent, des leçons à tirer de nos expériences malheureuses. Mais dans ce cas, je ne voyais rien à tirer. L'échec et c'est tout. Un énorme investissement. Tout ça pour quoi? pour rien : R-I-E-N ; nada ; nothing ; des nèfles ; que dalle ; le zéro absolu, le néant total, le vide intersidéral, même pas le moindre petit atome d'enseignement positif. Je découvrais qu'il y avait, comme ça, dans la vie, des expériences qui n'amenaient rien d'autre que la destruction.
Mais de l'eau a passé sous les ponts. Quand on en est au stade où l'on envisage l'échec, on commence à raisonner autrement. Que fera-t-on de notre vie, si l'on en arrive là? Cette vie que l'on pensait toute tracée, et que l'on a construite autour de l'idée plus ou moins consciente qu'un jour on ne serait plus deux, mais certainement trois voire quatre de préférence prend tout à coup un tour inconnu. Pourra-t-on raisonnablement continuer de vivre de la même manière? Je me suis dit que ce n'était pas possible. Cette vie (boulot, loisirs, relations, réalisations) qui m'allait parfaitement en ayant l'arrière pensée de fonder une famille ne me convenait plus. 

Comment en effet imaginer que l'on continuera à voir les mêmes personnes, qui elles, ont une famille? Comment imaginer, dans le cas inverse, que l'on pourra vivre isolé pendant le restant de ses jours ? Comment faire pour ne pas vieillir comme ceux qui n'ont pas eu d'enfants? quand il m'arrive d'entendre parler de ces gens, je comprends que ce qu'ils sont devenus, je peux très bien, sans grand effort d'imagination, le devenir moi aussi : en retrait du monde, d'une certaine manière, et ayant appris à vivre avec une certaine tristesse, un manque ; quand j'entends parler de ces gens, quand je les croise, j'entends et je vois clairement le message : "je n'ai pas eu d'enfants, et je ne m'en suis jamais remis" ; message que le clan des parents est incapable de déchiffrer, signalons le au passage.  

Dans un autre ordre d'idée : comment continuer à se lever et à se pointer tous les jours à ce travail pendant encore trente ans, s'il n'y a pas, en arrière plan, la motivation de travailler à préparer l'avenir de mes enfants? Car mon boulot est plutôt du genre délicat, parfois fastidieux, et qui s'étale sur des échelles de temps qui font que  mes sources de satisfaction, au cours d'une année, se comptent sur les doigts de la main. Mais la perspective d'avoir une famille fait accepter bien des choses. 
Je pourrais continuer à disserter pendant des heures sur le sujet. Mais en abordant les thèmes des relations sociales, du boulot, de l'acceptation et de l'intégration du caractère définitif de la stérilité de l'union, je crois que ça donne déjà une petite idée de ce qui ne collerait pas en cas d'échec.
Alors? que faire dans ce cas? je me suis dit qu'il faudrait que je revoie ma vie, point par point. Vaste programme, non? Mais je ne vois pas d'autre solution. Et aussi, peut être le plus important, je me suis dit que j'allais me venger de la vie, qui ne me donnerait peut être pas ce que je désirais.  Et que par conséquent, toutes les expériences qui me seraient impossibles si j'avais des enfants, alors je me ferais un devoir de les vivre. Pour Monsieur. Et pour moi. Comme deux gros égoïstes. Na. 
Alors je me suis rendue compte qu'il y avait des choses auxquelles j'avais renoncé sous prétexte que je fonderai, peut être un jour, avec Monsieur, une famille ; avant je rêvais d'un boulot super motivant (pas grave si stressant, si trop d'heures). avant je rêvais de partir vivre pendant quelques temps à l'étranger (pas grave si pays lointain ou j'entrave que dalle à la langue) ; avant je rêvais de faire des voyages incroyables avec des treks de la mort qui tue ; je ne sais si ce sont ces dernières années qui ont eu raison de tout cela, ou si tous les futurs parents mettent en veille de manière inconsciente ce genre de projet pour se ménager une vie plus stable. Mais il me semble que ma vie actuelle est au rabais par rapport à ce qu'elle devrait être. Et le fait qu'il y ait ou non une famille à la clef ne change rien. Si demain tout s'arrêtait, que retiendrais je de ma vie? que j'ai été une petite employée modèle qui a bien fait son travail? que j'ai été bien gentille avec tout mon entourage? que j'ai bien fait le ménage pour bien tenir mon petit appartement bien propre (en plus sur ce point j'ai des compétences tout à fait discutables) ? que j'ai bien voté comme la république le demande, bien consommé comme la société de consommation le demande, bien donné comme la bonne vieille charité judéo-chrétienne le demande ? Mais non. tout cela, au final, c'est de la foutaise. Du remplissage. Du chronophage, en somme . Parce qu'une seule chose importe finalement : avoir des projets,des rêves, et les réaliser. Que le reste se fasse si c'est possible. C'est comme cela que cela devrait marcher. Mais c'est précisément l'inverse qui se passe.

Voilà ce que m'ont appris ces années pénibles : vivre comme si l'heure du bilan arrivait demain, et ne jamais revoir ses aspirations au rabais. Ne pas se laisser abattre par les petites mesquineries du destin. Et ça, c'est valable en cas de réussite ou d'échec. Surtout en cas d'échec.
Ma petite Pamela, si cela ne marche pas, fais moi le plaisir de relire ce post. Et si tu n'es pas d'accord, alors relis le encore. Jusqu'à ce que tout cela entre bien dans ta petite tête. 

Bon voilà. C'est fait. J'arrête d'emm*rder tout le monde avec mes états d'âmes et mes bonnes résolutions à la noix. 

lundi 17 mars 2008

AAAAAaaaaahhhhh :

c'est ce que j'ai fait ce matin lors de ma consultation d'anesthésie après que la dame m'ait demandé d'ouvrir la bouche. Rien de bien extraordinaire me direz vous. 
Quand on sait que j'étais d'un côté du bureau, et l'anesthésiste de l'autre côté attablée, devant son ordinateur, un peu penchée sur le côté pour ne pas que l'écran la gêne trop, et qu'un mètre vingt devait bien nous séparer, alors là tout de suite la scène prend une autre dimension... c'est ce qui s'appelle de la consultation à distance ; cela doit être pour cela qu'elle porte des lunettes, pas seulement pour se donner un air savant ou sérieux, non non : c'est pour voir dans la bouche des patients à distance. Par ailleurs la dame s'est nettement améliorée depuis la dernière fois : elle ne s'est pas non plus déplacée pour me prendre la tension ; je suppose qu'elle a un appareil qui fait tout cela à distance également. Elle est vraiment trop forte. Mais quand même pas assez à mon goût. Moi, ce que j'aurais voulu, c'est qu'elle soit assez forte pour que le simple envoi du chèque suffise. Comme ça en plus j'aurais pu dormir ce matin. En demandant bien poliment, je suis sûre qu'elle accepterait...
 
Bon, sinon la dame aux 95 euros m'a dit après l'écho que j'avais 7 follicules d'un côté, 4 de l'autre. Les sept ont l'air assez jolis, les 4 sont un peu minus pour l'instant. Les quatre sont supposés devenir grands beaux et forts d'ici la fin de la semaine.
A suivre, donc.

samedi 15 mars 2008

pic et pic...

...et encore pic. mais pas colégramme.
.... ou encore :

Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous
Des trous de seconde classe
Des trous de première classe
Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous
Des petits trous, des petits trous, des petits trous, des petits trous


bon enfin tout cela pour dire que Monsieur tous les soirs me fait des trous de première classe (les seconde classe c'est ceux qui font des bleus) et que je suis une vraie passoire et que j'ai un peu l'impression de ressembler à une montgolfière. A la prochaine piqûre, c'est sûr, j'explose et je me dégonfle comme une baudruche, c'est impossible qu'il en soit autrement.

A part ça tout va bien. ça roule comme on dit chez les boules. Comme moi.

Lundi j'ai ma demi journée marathon ; il y en a toujours une comme ça en cours de traitement ; attention pour celle là il faut bien s'accrocher :

1/analyse de sang à 7h30 à côté de chez moi ; jusque là c'est réalisable, il suffit de se lever et de tâtonner jusqu'au labo.
2/rendez vous à Neuilly à 8h45 chez l'anesthésyste (je sais il y a une faute mais il ne mérite pas qu'on l'écrive correctement) ; là, je pense qu'il va falloir que je prenne d'ici lundi matin des cours de téléportation pour passer très vite de chez moi à Neuilly ; tout ça pour s'entendre dire à l'arrivée : "alors depuis la dernière fois, ça va? ouh.... petite tension. et vous êtes pâlichonne". ben vi. mais ça tu l'as déjà dit la dernière fois et celle d'encore avant, et même celle d'avant avant, coco. change de disque, tu me feras plaisir...
3/rendez vous chez ma copine aux 95 euros pour échographie à 11 h dans Paris
4/après ça, boulot ; là bas ils doivent penser que lundi matin je me suis posée ma RTT pour me taper une petite grasse mat' comme ça tranquille... quelle feignasse cette pamela, alors.
5/ et je pense que je vais être contente de retrouver mon lit ce soir là...

En attendant, ce week end, voilà ce que j'ai l'intention de faire : RIEN. 
Non, rien de rien... (c'est pour finir comme ça a commencé : en chanson.. sacrée moi, tiens)



mercredi 5 mars 2008

La FIV et l'avion...

...ça fait deux. Je m'explique :

Le week-end dernier nous sommes partis faire un petit tour dans le sud. Avec l'attirail "piquouse". Nous avons pris l'avion ; mais avant d'embarquer, lors du passage aux contrôles de sécurité, mon sac à main a attiré l'attention du personnel en charge : les seringues et le suprefact étaient à l'intérieur, et ont été vus aux rayons X. La dame en charge des fouilles m'a demandé de déballer mon sac. J'ai alors sorti l'objet du délit : les seringues à injection sous cutanée de 1 ml, et le suprefact. brrr... attention, c'est du lourd et ça fait peur ; avec ça, on peut... on peut... ouh la la mon dieu ! faire des piqûres sous cutanées....

Heureusement, j'avais prévu que la présence de ces engins de mort allait soulever des interrogations, et j'avais pris mon ordonnance. la dame l'a lue ; je pouvais entendre les rouages qui cliquetaient dans sa petite tête : "pfff.... je pige que dalle à ce morceau de papier. je fais quoi? je vais voir le chef? non, il y a tellement la queue, et on est tellement juste sur l'horaire ; si le vol prend du retard, ça va encore être pour ma pomme ; faisons comme si de rien n'était ; elle a pas une tête de terroriste de toute façons." allez hop, circulez...

Comme quoi la sécurité ça tient à peu de chose, juste au jugement d'une seule personne, et à ma bonne mine ; parce que, l'ordonnance, j'aurais aussi bien pu l'écrire moi même : rien ne prouve son authenticité. 

Et puis j'ajouterai, ces traitements, c'est un vrai plaisir. Alors être obligé de se justifier pour pouvoir se faire sa petite piqure, c'est un peu comme une cerise sur le gâteau...

Ceci dit, il n'y a pas eu mort d'homme, et le week end était bien. Quelques règles de sécurité stupides n'ont donc pas eu raison de ma provision de bonne humeur : j'ai fait le plein ; maintenant, j'espère que mon capital ne va pas fondre trop vite...

lundi 25 février 2008

5,4,3,2,1...

Compte à rebours enclenché. RDV chez doc gyneco mardi dernier ; j'ai récolté mon lot de belles ordonnances  :  Yapluka. 
Début des opérations piquouses ce vendredi, valse des prises de sang/echo dès le 10 mars, séquence de prélèvement des follicules autour du 20 mars, réimplantation autour du 27 (s'il y a lieu) pour cause de culture prolongée. 


Et puis aussi...jeudi dernier je suis allée voir une pièce de théâtre. rien à voir avec la PMA me direz vous. Ben si. L'acteur principal avait la même voix que mon doc gyneco, la même élocution rapide, les mêmes intonations. Au début de chaque réplique je m'attendais un peu à l'entendre dire "et pour vous très chère, j'ai mitonné un petit traitement à base de  suprefact dont vous me direz des nouvelles". Et non. A la place c'était un bon trait d'esprit misogyne (pièce de Guitry). Ouf. Mais quand même. On ne peut même plus se distraire tranquillement. Ca ne taperait pas un peu sur le système tous ces traitements?


Bon enfin tout ça pour dire que cette fois ci on change : c'est du suprefact qu'on utilise, et non du decapeptyl. Ben oui : le decapeptyl, c'est pour les pieds tendres. Si si. Et puis le puregon. non mais alors. c'était quoi ces doses de 400 UI pour les traitements précédents? c'était des doses de fillettes. Vous me mettrez un dosage pour adulte SVP. 450 UI? Ok...mais alors pour commencer, hein?
Voilà. Le doc a été plutôt généreux, on va dire... Je sens bien que je vais encore devenir une boule. Mais cette fois ci ce sera Ultra-boule.

 

lundi 4 février 2008

Mathilde

Bienvenue à Mathilde, bébé 100% bio, née le 3 février. On remarquera qu'elle a failli être née un grand jour (Monsieur est du 4...Hi hi!) 
Félicitations aux heureux parents, Cdt Sylvestre et sa Dame,  et bon courage à Pérou, le chat!
On leur souhaite à tous que du bonheur.



samedi 2 février 2008

Les idées bizarres

Je me rappelle une émission sur Canal+, qui s'appelait "Avant moi j'croyais". Les téléspectateurs y étaient invités à raconter les idées bizarres et fausses qu'ils avaient eu, à un moment, dans leur vie, principalement pendant leur jeunesse. Dans cette veine, la FIV, ça donne quelquefois des idées bizarres, dont on se rend compte à posteriori qu'elles sont un peu loufoques :

Petit catalogue  :
  • idée 1 : je suis malade. Quand j'ai fait la FIV 1, avec tous les examens médicaux, les rendez-vous piqûres chez l'infirmière, le contexte hospitalier lié au traitement, je me suis rendue compte après-coup qu'inconsciemment, pendant tout le traitement, je m'étais crue malade. Vous avez déjà vu une personne bien-portante se faire des piqûres tous les jours, vous? moi non. D'où mon idée bizarre.
  • idée 2 : un bébé, ça naît forcément dans une éprouvette, et pour arriver à faire un bébé, il faut forcément s'y connaître. Aussi je suis toujours surprise quand j'apprends autour de moi que des gens ont fait un enfant comme ça, naturellement, aussi simplement que s'ils avaient claqué des doigts. Trop bizarre... Moi qui croyais qu'il fallait faire appel à des tas de docteurs super calés en la matière. hum... J'ai l'impression qu'il y a comme un léger décalage de notre référentiel de connaissance.
  • idée 3 : c'est un corollaire de l'idée 2. Un bébé, ça se mérite. La preuve : il faut faire des tas de de trucs très compliqués pour y arriver ; faire les piqûres à la bonne heure, bien faire les examens, se présenter bien à l'heure pour la ponction ; sinon, ça MAR-CHE-PÔ. Après, ça peut éventuellement marcher. Donc on voit bien, ce n'est pas donné à tout le monde... Juste à ceux-qui-font-tout-bien-comme-il-faut. L'autre jour, à la télé, j'ai entendu qu'il y avait chaque année 200 000 IVG. Des enfants conçus par erreur... pas possible. Eh bien si. C'est la nature qui alloue les crédits, pas notre supposée bonne volonté...
  • idée 4 : Puisque qu'un enfant ça se mérite, alors, le mérite doit payer, c'est sûr... on a toujours appris depuis notre petite enfance que seuls les enfants sages ont des bonbons, et que s'ils sont sages, ils ont des bonbons. Alors voilà : si on fait tout bien, ça doit marcher. Erreur... Il aurait plutôt fallu qu'on apprenne que pour avoir des bonbons, les enfants doivent être sages mais que la réciproque n'est pas vraie : les enfants sages ont des bonbons...quelquefois.
Tout ça pour dire que le processus des traitements nous entraîne, de manière très pernicieuse, dans un système de valeurs tout à fait à part, et complètement déconnecté de la réalité. Comme je le disais précédemment dans un vieux post, il y a bien deux mondes : celui des gens qui ont recours aux pratiques de l'AMP, et le monde des autres. Sans s'en rendre compte, on glisse de l'un à l'autre. Et puis petit à petit on se réveille, on se regarde dans la glace, on finit par se voir...et on écrit un post sur les idées bizarres! le catalogue que j'ai donné n'est bien entendu pas exhaustif. Des idées bizarres, il y en a des tonnes. 

mercredi 30 janvier 2008

Les petits riens

La sécu m'a envoyé son accord pour le renouvellement de la prise en charge à 100%.
Et Hop, une étape de plus, et un souci en moins, c'est avec des tout petits riens qu'on a l'impression que les choses avancent. 
Merci la sécu.

vendredi 25 janvier 2008

Méditations

Résultats d'analyse de Monsieur (tests de décondensation d'ADN) : tout est OK.
Rendez vous chez le biologiste, ce mardi, à 7h30 du matin, pour un debriefing des précédentes FIV : les embryons ont toujours eu une faible vitesse de division cellulaire, et leur qualité n'était pas optimale. Les causes : peut être un manque de maturité des ovocytes ponctionnés.
 Bref, pour la suite on est partis pour une IMSI : les spermatozoïdes seront sélectionnés sur leur bonne mine grâce à un microscope à fort grossissement. 
Ensuite, reste à savoir si on pratique une culture prolongée des embryons : ils seraient réimplantés au bout de 5 jours de culture, et non 2 ou 3. L'avantage dans ce genre de pratique est que l'utérus est remis des émotions de la ponction et ne devrait plus trop se contracter. En cas de problème de croissance des embryons, on est vite au courant (dans ce cas pas d'embryons à réimplanter...). L'embryon, au moment où il est réimplanté, est à peu près dans l'état où il devrait se trouver au moment où il atteint la cavité utérine en cas de fécondation naturelle.
Les chances de réussite de l'IMSI sont d'environ 30%, sur un échantillon composé de personnes ayant un fort taux d'échec préalable en FIV-ICSI normale.
Pas si mal, donc. Peut être que cela peut marcher. Ou peut être pas. Cela permet en tout cas d'éliminer une partie du facteur malchance.

De toute façon ce sera la tentative de la dernière chance. La quille... J'en rêve. Quoiqu'il arrive, ce traitement doit être le dernier. Pour passer à autre chose ; avec bébé ; ou sans bébé. Pour se projeter dans l'avenir, et non stagner dans un état de marasme où la seule perspective décemment envisageable est le prochain traitement, si bien que le traitement finit par devenir une fin, et non plus un moyen. Un marasme où on ne peut même pas ruminer tranquillement sur sa frustration, parce que cela ne mène à rien. Un marasme où on ne peut envisager sereinement la réussite, parce que c'est trop difficile en cas d'échec. Un marasme où l'on ne peut envisager l'échec, car autant baisser les bras tout de suite.
C'est l'état où rien n'est envisageable. Si je devais faire subir une torture à mon pire ennemi, je lui ôterais la possibilité d'envisager un quelconque avenir. L'expression "l'espoir fait vivre", qui a fini par devenir un lieu commun tellement elle a été mise à toutes les sauces, est en réalité une vérité fondamentale.  Le bonheur est un état très relatif. Mais l'espoir, cette capacité que l'on a à prendre la vie comme elle vient en se disant que dans le lot de tout ce qui nous est envoyé, il y aura bien au moins quelques bonheurs, est le seul véritable moteur. De tous ces échecs, dont je n'ai absolument rien tiré, car il n'y a rien à en tirer, c'est peut-être le seul enseignement que j'ai acquis.
 
En repensant aux tentatives que l'on a faites je dirais que :
  • la première a été envisagée comme un galop d'essai
  • la seconde (avortée) a été perçue comme un gros coup de malchance
  • la seconde bis, dans mon esprit, devait réussir, c'était obligé. De fait, grosse déception. De là, on a compris que l'échec était vraiment possible, et que les statistiques sur les chances de réussite n'étaient pas produites uniquement pour noircir du papier ; elles s'appliquaient aussi à nous.
  • la troisième a été abordée avec tout le fatalisme possible : on jouait aux dés, c'est tout. Quand on a su le résultat, je me suis dit qu'une réussite aurait été trop belle. Et que soit on n'avait vraiment pas de chance, soit quelque chose clochait. Et que les statistiquessur les taux de réussite pouvaient, finalement, ne même pas s'appliquer à nous, car nous pouvions très bien ne pas être dans l'échantillon représentatif. Parce qu'on est peut être dans la tranche des gens qui ont une chance sur un million que cela marche. Le fait est que du côté des ovocytes, c'est moyen.
Mais on ne sait pas exactement quelles sont nos chances réelles. On peut essayer une dizaine de fois sans que cela marche. En toute logique, on serait supposé, en cas d'échec, retenter encore une fois ou deux. Mais cela oblige à rester dans cet état d'incertitude encore longtemps, au moins un an. Sachant que plus le temps passe, moins mes ovocytes seront de bonnes qualité : j'ai le mauvais âge, 38 ans, l'âge où les chances de réussites se cassent la figure. Et mes analyses AMH confirment que je suis effectivement plutôt sur la pente descendante.
Alors il faut prendre une décision : c'est la dernière, parce qu'on ne sait pas quel est le nombre de tentatives qui nous permettrait de garantir à 100% une réussite, et que je ne tiendrai pas beaucoup plus longtemps de toute façon. Alors comme au poker, je fais "tapis". Je joue mon va-tout. Et sans filet : pas d'adoption à envisager. Ca marche (le coup de bol ça existe) ou ça échoue. 
C'est mal : je ne suis pas une jusqu'au boutiste. Je ne crois pas avoir lu ou entendu quelqu'un, parmi la cohorte des FIVettes, dire : la prochaine fois j'arrête parce que j'en ai ras la casquette ; car il est de bon ton de dire que l'on se battra jusqu'au bout. Je n'aurais peut-être pas fait tout ce qu'il est envisageable de faire. Mais c'est tout ce que je peux faire. J'aurais fait tout ce qu'il est supportable de faire. Cela suffira, j'espère, à faire taire mes regrets en cas d'échec.
Prochaine échéance : mi-février. Le doc nous en dira plus sur la culture prolongée, et si cela vaut vraiment le coup. Moi je suis à fond pour.
Donc,  en attendant, je vais faire ce que j'ai le mieux appris à faire depuis ces dernières années : attendre, sans penser à après. 

jeudi 3 janvier 2008

Forrest Gump attitude

En rentrant de vacances, les résultats d'analyses sont tombés pour moi.
A j3 du cycle,
oestradiol : 64 pg/ml :  pas top.
FSH : 6 UI/l :  pas mal. 
AMH : 0,9 ng/ml : pas terrible.

Bref, des résultats de mon âge...

Les chances de réussite de la prochaine FIV ne sont probablement pas top. Tant pis, on n'a rien à perdre et tout à gagner : soyons cohérent, une personne qui joue de temps à autre au loto peut bien faire une FIV dont les chances réussite sont probablement plus élevées... Par contre c'est un peu plus compliqué que d'aller dans le bar à Momo pour gribouiller 6 petites croix... Pas grave, je suis une vétéran de la FIV.

Prochaine étape : les tests de décondensation d'ADN de Monsieur.

Et pour paraphraser Forrest Gump : La vie c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber.

On peut dire qu'on est servis... vivement la suite, je suis super gourmande, les fêtes m'ont donné un appétit monstrueux pour les friandises. Des chocolats, SVP, plein, plein, même des mauvais à la liqueur ou à la pâte d'amandes, pourvu que je tombe un jour sur un chocolat au feuilleté praliné...ou un autre, mais super bon ; alors, tous les mauvais chocolats seront oubliés.