vendredi 25 janvier 2008

Méditations

Résultats d'analyse de Monsieur (tests de décondensation d'ADN) : tout est OK.
Rendez vous chez le biologiste, ce mardi, à 7h30 du matin, pour un debriefing des précédentes FIV : les embryons ont toujours eu une faible vitesse de division cellulaire, et leur qualité n'était pas optimale. Les causes : peut être un manque de maturité des ovocytes ponctionnés.
 Bref, pour la suite on est partis pour une IMSI : les spermatozoïdes seront sélectionnés sur leur bonne mine grâce à un microscope à fort grossissement. 
Ensuite, reste à savoir si on pratique une culture prolongée des embryons : ils seraient réimplantés au bout de 5 jours de culture, et non 2 ou 3. L'avantage dans ce genre de pratique est que l'utérus est remis des émotions de la ponction et ne devrait plus trop se contracter. En cas de problème de croissance des embryons, on est vite au courant (dans ce cas pas d'embryons à réimplanter...). L'embryon, au moment où il est réimplanté, est à peu près dans l'état où il devrait se trouver au moment où il atteint la cavité utérine en cas de fécondation naturelle.
Les chances de réussite de l'IMSI sont d'environ 30%, sur un échantillon composé de personnes ayant un fort taux d'échec préalable en FIV-ICSI normale.
Pas si mal, donc. Peut être que cela peut marcher. Ou peut être pas. Cela permet en tout cas d'éliminer une partie du facteur malchance.

De toute façon ce sera la tentative de la dernière chance. La quille... J'en rêve. Quoiqu'il arrive, ce traitement doit être le dernier. Pour passer à autre chose ; avec bébé ; ou sans bébé. Pour se projeter dans l'avenir, et non stagner dans un état de marasme où la seule perspective décemment envisageable est le prochain traitement, si bien que le traitement finit par devenir une fin, et non plus un moyen. Un marasme où on ne peut même pas ruminer tranquillement sur sa frustration, parce que cela ne mène à rien. Un marasme où on ne peut envisager sereinement la réussite, parce que c'est trop difficile en cas d'échec. Un marasme où l'on ne peut envisager l'échec, car autant baisser les bras tout de suite.
C'est l'état où rien n'est envisageable. Si je devais faire subir une torture à mon pire ennemi, je lui ôterais la possibilité d'envisager un quelconque avenir. L'expression "l'espoir fait vivre", qui a fini par devenir un lieu commun tellement elle a été mise à toutes les sauces, est en réalité une vérité fondamentale.  Le bonheur est un état très relatif. Mais l'espoir, cette capacité que l'on a à prendre la vie comme elle vient en se disant que dans le lot de tout ce qui nous est envoyé, il y aura bien au moins quelques bonheurs, est le seul véritable moteur. De tous ces échecs, dont je n'ai absolument rien tiré, car il n'y a rien à en tirer, c'est peut-être le seul enseignement que j'ai acquis.
 
En repensant aux tentatives que l'on a faites je dirais que :
  • la première a été envisagée comme un galop d'essai
  • la seconde (avortée) a été perçue comme un gros coup de malchance
  • la seconde bis, dans mon esprit, devait réussir, c'était obligé. De fait, grosse déception. De là, on a compris que l'échec était vraiment possible, et que les statistiques sur les chances de réussite n'étaient pas produites uniquement pour noircir du papier ; elles s'appliquaient aussi à nous.
  • la troisième a été abordée avec tout le fatalisme possible : on jouait aux dés, c'est tout. Quand on a su le résultat, je me suis dit qu'une réussite aurait été trop belle. Et que soit on n'avait vraiment pas de chance, soit quelque chose clochait. Et que les statistiquessur les taux de réussite pouvaient, finalement, ne même pas s'appliquer à nous, car nous pouvions très bien ne pas être dans l'échantillon représentatif. Parce qu'on est peut être dans la tranche des gens qui ont une chance sur un million que cela marche. Le fait est que du côté des ovocytes, c'est moyen.
Mais on ne sait pas exactement quelles sont nos chances réelles. On peut essayer une dizaine de fois sans que cela marche. En toute logique, on serait supposé, en cas d'échec, retenter encore une fois ou deux. Mais cela oblige à rester dans cet état d'incertitude encore longtemps, au moins un an. Sachant que plus le temps passe, moins mes ovocytes seront de bonnes qualité : j'ai le mauvais âge, 38 ans, l'âge où les chances de réussites se cassent la figure. Et mes analyses AMH confirment que je suis effectivement plutôt sur la pente descendante.
Alors il faut prendre une décision : c'est la dernière, parce qu'on ne sait pas quel est le nombre de tentatives qui nous permettrait de garantir à 100% une réussite, et que je ne tiendrai pas beaucoup plus longtemps de toute façon. Alors comme au poker, je fais "tapis". Je joue mon va-tout. Et sans filet : pas d'adoption à envisager. Ca marche (le coup de bol ça existe) ou ça échoue. 
C'est mal : je ne suis pas une jusqu'au boutiste. Je ne crois pas avoir lu ou entendu quelqu'un, parmi la cohorte des FIVettes, dire : la prochaine fois j'arrête parce que j'en ai ras la casquette ; car il est de bon ton de dire que l'on se battra jusqu'au bout. Je n'aurais peut-être pas fait tout ce qu'il est envisageable de faire. Mais c'est tout ce que je peux faire. J'aurais fait tout ce qu'il est supportable de faire. Cela suffira, j'espère, à faire taire mes regrets en cas d'échec.
Prochaine échéance : mi-février. Le doc nous en dira plus sur la culture prolongée, et si cela vaut vraiment le coup. Moi je suis à fond pour.
Donc,  en attendant, je vais faire ce que j'ai le mieux appris à faire depuis ces dernières années : attendre, sans penser à après. 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Faire ce qui est supportable est une sage décision... Je te comprends. Je suis également d'accord avec toi sur la question du marasme... Et pour finir, je me sens moi-même comme privée d'avenir, effectivement... Car je sais que si la seconde FIV ne marche pas, je vais remettre beaucoup de choses en question (à peu près tout, à vrai dire)...
Quel billet juste Pam !
Pour le reste, tu sais ce que je te souhaite...
Des bises

Anonyme a dit…

Après notre deuxième échec, je l'ai dit, et je l'ai pensé "on arrête tout, j'en peux plus". Mais pour l'instant, l'espoir, ce fol espoir que forcément ça marchera un jour est encore là...Car j'ai l'impression que si je perds cet espoir, je perds trop.