lundi 26 novembre 2007

Le Club d'en face

L'autre jour je parlais d'un club, celui des adeptes de la PMA. Il y a un autre club. Celui là compte beaucoup plus de membres. C'est le club des Parents. Je me suis laissée dire que quelquefois, il y avait des gens qui passaient du club de la PMA au club des Parents. Mais c'est une légende, un mythe, qui circule de bouche à oreille. Personnellement je n'ai jamais été témoin d'un truc aussi extraordinaire... Mais on sait jamais...  je préfère faire confiance à la rumeur.

Au boulot, il y a plein de membres du club des Parents. Alors je peux les observer à loisir. Et je note. Dans mon cahier d'observation, j'ai noté que les parents parlaient tout le temps de leur progéniture. Les enfants semblent mobiliser grandement l'attention de parents, et en plus ils semblent être un catalyseur de lien social. Ainsi, parfois (de plus en plus rarement, il faut dire), quand je rencontre un nouveau collègue, celui ci-ci cherche à entamer une conversation bénigne et de bon aloi : 
 "et t'as des enfants?"
"non" réponds je d'un ton qui n'appelle aucune réponse sur le sujet.
silence...le parent carbure... et rame pour trouver un autre sujet. Moi ça me saoûle d'avoir à chercher un autre sujet alors que la question m'a déjà mise en pétard. Alors je laisse ramer.


Je disais donc, le parent parle tout le temps de sa progéniture. Quand deux parents se rencontrent, même si la conversation ne tourne pas sur les enfants au début, à la fin, elle arrive souvent à dériver dessus. A l'insu total des parents, qui n'ont absolument pas conscience de la manière dont leur esprit est obnubilé par leur progéniture. 
Quelque fois dans sa conversation le parent fait preuve d'adoration béate vis à vis de sa descendance, absolument époustouflante et probablement destinée à recevoir le prix Nobel un jour, peut être pour son cinquième anniversaire s'il progresse à ce rythme. Là, j'avoue que quand c'est comme ça, je décroche un peu...


Mais le parent souffre. Sa progéniture est souvent malade : elle tousse, elle mouche, elle braille la nuit, elle vomit, elle a la diarrhée. Là aussi, sauf si l'orateur est particulièrement brillant, j'avoue que quand la conversation en arrive à ce niveau de détail, mon attention s'émousse...

Le parent (que je fréquente peu), semble se livrer à des activités ennuyeuses (emmener les petits au foot, au tennis, leur faire voir le dernier Disney, se déplacer en troupeau en fin d'année pour aller voir le spectacle de Noel que le CE a réussi à dégoter...), mais parle de tout cela avec animation et intérêt, et des fois on a l'impression qu'il trouve ça palpitant. Le parent est donc bizarre...

Ce qui m'amène à une autre réflexion sur le parent. Avant (dans une autre vie), les parents remarquant nos yeux ébahis à la mention des multiples vicissitudes de la vie parentale, nous mentionnaient souvent les plaisirs inégalables de voir grandir sa progéniture.  Maintenant, ils ne disent plus rien, c'est drôle...


Mais des parents, il n'y en a pas qu'au boulot. Il y en a dans la rue, au musée, dans les jardins publics : partout, il y en partout. Là, ils sont souvent accompagnés de leur progéniture. Et cela m'a permis de les observer en situation. Ainsi, j'ai découvert que le parent est sourd. Il semblerait que la naissance d'un enfant fasse perdre des facultés auditives, car le parent est insensible au jérémiades et au vacarme occasionnés par les chamailleries ou débordements de sa descendance.
D'ailleurs, le parent, par mimétisme sans doute, est expansif, et participe souvent au vacarme ambiant, qui devient de ce fait le produit d'une sorte de travail d'équipe. Et là, je m'enfuis en courant.
   

2 commentaires:

Anonyme a dit…

tout simplement EXCELLENT. J'adhère. Et je ne suis pas "parent". Je fais partie de l'autre groupe ... Mais qui sait, un jour ... Mais alors un "Parent différent" !! bonne continuation.

Anonyme a dit…

J'en ai plein dans mon immeuble : Ils se déplacent en troupeaux à 8h30, 11h30, 13h15 et 16h30. En dehors de ces heures, on ne les voit pas. Par contre, on les entend bien. Et lorsqu'on sonne chez eux, on est accueilli par des petits zombies auquels on se sent obligé de faire des guili-guilis, car sans ça, les parents pensent qu'on leur veut du mal. L'autre jour, y'en a même un qui m'a obligé à faire un poutou sur les joues de sa petite crevette (aussi grosse que sa mère, alors qu'elle n'a que 11 semaines!). Ca m'a dégoûté, ces joues toutes pleines de blédine mélangées à de la salive. Le pire, c'est bque le parent était complètement attendri et admiratif de mon engouement à me jeter sur sa blatte toute rose.
Les autres, ils me surrinent parce qu'il fait soi-disant trop "froid" dans l'immeuble (pensez donc : 26°C dans les salons et 23°C dans les chambres) : Leurs élevages attrapent des alleries, font de l'asthme, et ils sont obligés de les emmener chez le kiné à cause de bronciolites à répétitions.
Le pire a été cette semaine : Les parents ont eu l'excellente idée de faire décorer le sapin du hall par leurs petits monstres. Ils avaient même prévu un goûter. Résultat : d'horribles dessins scotchés sur les murs de l'entrée, un sapin tout moche qui ressemble au type de la pub Cetelem, et des traces de Nutella sur la rembarde de l'escalier!
Desfois, je rêve que l'ascenseur décroche du 11ème avec un troupeau à l'intérieur !