vendredi 7 décembre 2007

La FIV, mode d'emploi 3

Ce billet est la suite de celui du 27 novembre. Il raconte la suite du traitement après la fin de la stimulation ovarienne.
Que faire, donc, une fois que tous ces ovocytes produits dans l'effort et le souci du travail bien fait on reçu le signal du départ?

Solution 1 : on va au cinéma voir le dernier Spiderman, on s'achète un paquet de pop corn, et quand on a fini le paquet de pop corn, on rentre à la maison et on passe la journée tranquillement installé à bouquiner des BD.
 
Solution 2 : on file à la clinique tôt le matin et on dit "virez moi ces trucs qui me boursouflent les ovaires et faites en bon usage SVP", en d'autre termes on pratique la ponction ovocytaire, qui consiste à récolter les ovocytes produits.
Normalement, si vous avez bien suivi les épisodes précédents, dans votre grande perspicacité, vous avez trouvé que la solution 2 est la bonne.

 La veille au soir de la ponction, on mange léger et on boit bien, car le lendemain, il va falloir mériter son verre d'eau, pour cause d'anesthésie générale. 

Le matin de la ponction , lever 6h15  (le personnel médical est du genre lève tôt). Petit moment de bonheur : Paris dort encore, la nationale 118 est dégagée, ouaahhh....

Arrivée à la clinique vers 7 h, on accomplit les formalités d'usage : 
  1. Monsieur est bien Monsieur, la preuve, regardez la photo sur le passeport, et Madame est bien Madame, tenez voilà sa carte d'identité. 
  2. Monsieur et Madame sont bien mariés, ça fait un bail, même, et ils ont bien l'intention d'ajouter une page au livret de famille que voici. 
  3. Oui on est pris en charge par la sécu, voilà ma carte vitale. L'attestation? euuhh. ben non, on ne l'a pas, mais qui donc s'embarrasse de ce bout de papier débile alors que tout est sur la carte?  
  4. Oui, on a une ordonnance et une entente préalable, je n'ai pas décidé d'essayer de me faire ponctionner les ovaires comme ça de mon propre chef. 
  5. remplissage et signature de papiers divers et variés
Vers 8h-8h30, on est validé. On peut passer au niveau supérieur, dans tous les sens du terme:
Ascenceur, on arrive à l'étage des dames en blanc qui nous amènent dans une chambre tout à fait charmante mais qui ressemble quand même un peu à une chambre d'hôpital.  
Une dame très gentille me donne un fond de verre d'eau (merci merci merci) que j'avale goulûment (c'est tout?) avec les deux petites pilules grosses comme des grains de riz qu'elle me tend. Atarax, cela s'appelle. Il paraît que ça zénifie. Moi je crois que c'est plutôt un accélérateur de temps. Quand j'en prends, il suffit que je ferme un peu les paupières pour que 24 heures s'écoulent comme ça, pfft! Quand j'ouvre à nouveau les yeux, je suis à la maison, dans mon lit, et une journée entière s'est écoulée. Je me demande si la dose n'est pas un peu trop forte pour moi...
 
En attendant que les cachets magiques fassent effet, la dame en blanc me propose de jouer à me déguiser, et comme je suis très joueuse et que j'aime bien la couleur bleue, j'obtempère. Leur costume a dû être fait au rabais et le tissu devait manquer, parce cela ne ferme pas très bien dans le dos, et que j'ai les fesses à l'air. Niveau créativité, ce n'est pas tout à fait ça : leur costume est le même à chaque fois. Pour la prochaine je demanderai un costume de fée.  En arrivant en salle d'intervention, le bonnet de fée fera un peu plus classe que la charlotte flapie qu'on m'oblige à porter, c'est sûr.

Après ça, débarbouillage à la teinture d'iode, et on remplit (encore) des tas de papiers que je ne lis pas mais que je dois signer quand même. Un jour je vais peut être découvrir en arrivant dans la salle d'intervention que j'ai signé pour un don massif d'organes à prélever sur le champ.  
Enfin, la dame en blanc revient nous voir : Monsieur doit s'occuper d'encore plus de papiers (non, on n'a pas le VIH, ni l'hépatite, ni la rage ni le thyphus ni la coqueluche ni la lèpre ni la peste), puis se préparer à entrer en scène et à fournir une brillante démonstration in vitro de ses qualités d'étalon. On l'emmène dans une petite pièce, il doit se débarbouiller (mais pas entièrement, juste les parties utiles du corps ; ces gens là on vraiment la manie de la propreté), et après quoi, une fois son devoir accompli, Monsieur peut venir se remettre de ses émotions vers son épouse reconnaissante, si elle est encore dans la chambre, ce qui n'est pas forcément le cas à chaque fois.

Ainsi, vers 9h-9h30, j'entre en scène à mon tour et c'est le signal du départ pour la salle d'intervention.  Des gens très gentils viennent donc alors me voir pour me proposer une petite promenade en lit à roulettes. Chouette, c'est ma partie favorite. Grâce à cela, je connais très bien les murs du couloir de la salle d'intervention. Il y a des clichés d'embryons à différents stades de  développement, une photo d'injection ICSI. Et les plafonds, qui vont de ma chambre à la salle d'intervention, je les connais pas coeur. Le top, c'est le plafond de l'ascenseur : des bulles de lumière de différentes tailles dans un ciel d'aluminium, très psychédélique. Avec l'Atarax qui commence à faire effet, le voyage en ascenseur, c'est top. Dans le couloir, des gens vont et viennent, vaquent à leurs occupations et me disent bonjour en passant comme s'ils me connaissaient et m'avaient vue la veille. 

Arrivée dans la salle d'intervention, où la radio fredonne tout bas. L'anesthésiste entre et salue, les mondanités commencent : ne seriez vous pas madame Pamela, si, alors ça tombe bien que vous soyez là, je vous ai prévu un petit cocktail dont vous allez me dire des nouvelles. Mais pour commencer, je vais vous coller tout un tas de petites pastilles que je vais relier à la machine qui fait ping. 
Après, un petit cathéter pour le cocktail qui va bien. Le doc arrive ensuite, salutations d'usage. Mon doc,  quel étourdi, oublie systématiquement mon nom, et il faut que je lui rappelle. A moins que ça ne fasse partie du protocole.

Le moment fatidique arrive. L'anesthésiste me dit de prendre une grande inspiration, et là, brûlure dans le bras, puis dans les bronches, et enfin, rideau. 

A ce stade je ne peux que faire des suppositions : quand je pique mon petit somme, ils s'affairent sans doute tous comme des forcenés, le doc farfouille des tas de trucs dans mon ventre avec une aiguille grande comme ma jambe, le responsable des promenades en lit à roulettes passe me prendre ensuite, me fait encore faire petit un tour d'ascenseur psychédélique, m'emmène dans une usine à réveil où je consens au bout de quelques minutes à ouvrir une paupière, puis l'autre au bout d'un temps un peu plus long. Alors je regarde là télé de la machine qui fait ping, les chiffres augmentent tous, et quand ils ont atteint une valeur satisfaisante aux yeux des infirmiers,  je retourne en lit à roulettes dans ma petite chambre où Monsieur m'attend avec impatience. 
Il est alors 10-10h30.
A partir de l'injection, mes souvenirs sont en général assez flous et sujets à caution. Cependant, malgré le brouillard qui m'embue les neurones, j'ai quand même quelques réminiscences :
  • les gentilles dames en blanc m'amènent des friandises en perfusion.
  • Le doc passe et le verdict arrive : la récolte a été de 7, ou 8 ovocytes. 
  • Il paraît que l'anesthésiste passe, il y a encore des choses administratives à faire, mais je suis les choses de très loin. Monsieur assure, et je délègue pour cause de débilité profonde.

Par contre je me rends très bien compte qu'il commence à faire soif. Mais comme ils sont très bien dans cette clinique, la gentille dame en blanc vient me voir sans trop attendre (vers 11h30-12h), et là,  pour le coup, elle se mue en serveuse : oh, oui, je veux bien un bon gros thé de 2 litres au moins. Elle m'amène un beau plateau avec plein de trucs qui ont l'air super bon. Le hic, c'est que tout a un goût merdique. Effet de l'anesthésie, je suppose.

vers 13h00:
  1. prise de tension : OK
  2. Tentative de lever : OK, moyennant quelques restrictions sur mes capacités d'équilibre.
  3. Retour à la voiture : OK, avec la présence rassurante de Monsieur pas trop loin ; il fait jour, ça grouille de monde, la ville s'est réveillée pendant que je m'endormais.
  4. Retour à la maison : pas trop OK : bouchons, route défoncées qui me secouent comme si c'étaient des chemins communaux (à moins que les routes ne soient pas si défoncées que cela, et que ce soit ma perception des bosses qui est un peu exagérée)...pffff. La route est longue.
  5. Déshabillage et enlèvement des dernières pastilles collées : OK.
Retour au lit : OK!!!!!
Et rideau jusqu'à demain soir.
 

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